Message d’Ariel Weil, maire du 4e arrondissement

Très touchés par le message que notre Maire d’arrondissement, M. Ariel Weil, nous adresse, nous sommes heureux de relayer ce message. Merci, Monsieur le Maire, pour votre engagement !

P. Benoît-Marie Roque,
curé de Notre-Dame des Blancs-Manteaux.

Chères habitantes, chers habitants, 
Chères paroissiennes, chers paroissiens,

Je vous écris ces quelques mots dans le silence de la nuit, alors que les appels incessants de détresse, de secours, de solidarité et d’informations se sont tus pour quelques heures, dans cette maison du peuple transformée en salle de crise qu’est devenue depuis quelques jours la Mairie du 4e, la vôtre, celle du bout de la rue, pour reprendre la jolie formule du Père Vivarès. Alors que nous nous agitons pour informer, consoler, réconforter, reloger, accompagner et, déjà, consolider, je n’ai que peu le loisir de laisser libre cours à l’émotion qui nous a tous étreint ces dernières heures. J’étais lundi soir, dès les premières lueurs de triste augure, accouru au chevet de Notre-Dame, enjambant le pont d’Arcole, l’angoisse au ventre, la Maire de Paris à mes côtés. Très vite, nous étions rejoints par le recteur de la Cathédrale, Mgr Chauvet, en larmes. 

Quelques jours plus tôt, il me semble à présent que c’était il y a une éternité, nous nous élevions lui et moi, dans la joie, au sommet de la flèche – qui hélas n’est plus – pour assister à l’envol des statues de saints qui la paraient, destinées à la restauration, pour la première fois en 150 ans. Comment imaginer en voyant s’élever la statue de Saint Thomas dont on dit qu’un Viollet-le-Duc facétieux avait représenté le visage sous ses propres traits, que l’œuvre du grand architecte restaurateur de la Cathédrale au XIXème siècle, aurait disparu quelques jours plus tard ? Quelques heures d’une courte nuit, voilà ce qu’il aura suffi pour nous rappeler à tous la fragilité de nos édifices les plus solides, les plus anciens, les plus précieux. Vanité des vanités… 

Toute cette nuit, rejoints par le Président de la République, le Premier Ministre et une partie du gouvernement, nous avons soutenu nos héros, les soldats du feu, qui luttaient au péril de leur vie contre un ennemi gigantesque et cruel, sauvant ainsi les tours millénaires et l’essentiel de la structure de la cathédrale. Alors que le général Gallet qui commandait la brigade des sapeurs-pompiers de Paris laissait peu d’espoir, le combat terrible devait au prix de tous les dangers, et à quel coût, être emporté par le courage et la volonté au milieu de la nuit. C’est un premier miracle. Ce n’est pas une question de foi que l’exprimer en ces termes, c’est une question de croyance, en l’homme et en ses ressources dans l’adversité. Un autre miracle, s’est déroulé pendant la soirée. Tandis que les hommes du feu luttaient vaillamment, que je coordonnais avec les femmes et les hommes de mon équipe de la Mairie, spontanément restés à leur poste pour organiser l’accueil des évacués de l’ile (dont la plupart furent finalement recueillis pour la nuit par des voisins, miracle supplémentaire), le recteur et la Maire de Paris organisaient à quelques mètres de moi un incroyable sauvetage : celui du trésor de la Cathédrale, avec la couronne d’épine et le manteau de Saint-Louis, les Mays et les candélabres, les clous et un bout de la croix, trésors dont Mgr Chauvet connaissait chaque détail, guidant ainsi les équipes de sécurité, d’agents de la ville et de l’Etat, accourus prêter main–forte et transporter en urgence les objets précieux de l’autre côté de la Seine, dans la salle Saint Jean ouverte en urgence et en secret à l’Hôtel de Ville. Chez vous. Chez nous. 

Au cours de cette folle nuit, des jours qui ont suivi, du recueillement et des mots de deuil et d’espoir des habitants du monde entier, nous avons, sous le choc, également assisté, je le crois, à un événement de l’histoire de Paris, de la France et du Monde. Nous avons retrouvé pendant quelques heures une concorde, une fraternité et une communion des hommes souvent évoquées dans les murs de votre église, celle du bout de la rue, la sublime paroisse Saint Paul Saint Louis, si bien rénovée. 

Mais déjà des voix s’élèvent pour accuser, soupçonner, désigner à la vindicte, les responsabilités des uns et des autres. Je crois que c’est une erreur, quant à la forme, quant au fond, et quant à la temporalité. Le diocèse de Paris et la ville viennent d’ailleurs de publier d’une seule voix, un communiqué commun, en soi un événement rare. Quelque chose s’est passé d’inédit, de rare, de précieux, à la hauteur de notre choc. Nous sommes dans une période particulière, celle de la semaine sainte pour les Chrétiens, à la veille de la Pâques chrétienne qui coïncide cette année comme souvent avec la Pâques juive. Mardi, après une nuit sans sommeil, nous avons lancé le projet pilote des « Volontaires de Paris » à la Mairie du 4e, parce que je l’avais voulu mais aussi parce qu’elle est la Mairie qui a la plus longue expérience de mobilisation des bénévoles en faveur de la solidarité, du secours, de l’assistance, valeurs cardinales au cœur de la stratégie de résilience que nous voulons porter avec les citoyennes et les citoyens engagés. Ces coïncidences, seulement en partie fortuite des calendriers doivent, je le crois, nous inspirer des sentiments d’élévation, de libération, de fraternisation.

Que ces fêtes soient propices à votre recueillement, à votre apaisement et à votre fortification, à vous et à vos familles, ces « générations du 4e arrondissement » dont j’ai dit dans mes vœux de nouvel an aux habitants que la protection et la prospérité constituaient mon premier objectif. Que vous puissiez trouvez la sérénité, dans la fraternité et la solidarité. Je vous souhaite de bonnes fêtes, la reconstruction et la paix. 

Ariel Weil

Maire du 4e arrondissement de Paris